PUBLIC MARKS from noel_basile with tag gaza

La naissance d'un journal reste un événement important dans toute société. Témoin de sa vitalité, diversité, curiosité et souvent son ouverture sur le monde. Le numéro zéro du quotidien «Palestine Times» a été publié ce lundi matin à Ramallah, premier quotidien en langue étrangère, l'anglais en l'occurrence majoritairement pratiqué parmi l'élite palestinienne, qui va dorénavant côtoyer dans les kiosques à Gaza et en Cisjordanie trois imprimés arabes: Al Quds, Al-Ayam et Al-Hayat al Jadida. Au premier jour de sa parution, son rédacteur en chef, Osmane al-Hage Mohamad, a insisté sur l'indépendance de la ligne éditorial et sur le fait que le journal sera distribué en Israël. De l'affranchissement vis-à-vis du pouvoir ou des officines politiques, on jugera sur pièce et avec le temps. Quant à la distribution en Israël, comment ne pas saluer l'initiative, cette possibilité de raconter sa vie, ses préoccupations, ses joies et ses peines à son voisin… une infime chose, un petit pas en avant. Les mots qui remplacent les balles.

L'initiative pour la paix au Proche-Orient suggérée la semaine dernière par la France, l'Espagne et l'Italie a été tournée en dérision par Israël alors que côté palestinien le chaos politique est tel que plus personne ne sait qui détient vraiment le pouvoir pour exprimer une position digne de foi. Pourtant si Tony Blair pense que la catastrophe en Irak ne s'arrêtera qu'une fois les rapports entre Israéliens et Palestiniens pacifiés, il ne peut pas être soupçonné de jouer à "l'enquiquineur" comme Jacques Chirac et la France en général sont perçus en Israël. Et si Henry Kissinger, peu suspect de tiers-mondisme, dit qu'une victoire militaire est impossible en Irak et appelle à la tenue d'une conférence internationale sur le Proche-Orient, incluant non seulement l'Iran et la Syrie mais aussi des puissances régionales comme l'Inde et le Pakistan, c'est que le langage des armes -excusez l'euphémisme- est arrivé au bout de sa logique et qu'il faut bien un jour ou l'autre s'entendre à vivre ensemble, en paix, au risque de périr en Samson, détruisant le temple sur sa tête et la tête de ses ennemis.