2009
Gaza et les deux économies des images - Tout savoir sur les dernières actualités politiques, monde, société, sports, écologie avec le journal en ligne Libération
C’est un documentaire d’Arte, qui a tourné ces petites volleyeuses, et les autres. Il s’appelle «Gaza-Sderot, la vie malgré tout». Enfin, ce n’est pas exactement «un documentaire d’Arte». Il n’est visible que sur le site de la chaîne. Pour des raisons mystérieuses (mais certainement excellentes) la chaîne-mère n’a pas jugé bon de le diffuser. Mais le site d’Arte a construit pour ce documentaire mutant un support très ingénieux, et sur mesure, une sorte de CD-Rom en ligne. On clique, et on partage une tranche de vie, on passe d’un ado israélien à une boutonneuse palestinienne, d’une mère de famille de Gaza à une tatie de Sderot, d’un dîner ici à un goûter là, d’un caprice ici à un coup de spleen là. Pas de montage. Le visiteur fait son propre montage. Il se balade dans les rues, dans les cours d’immeubles, dans les cafés, d’un univers l’autre. Et ça fonctionne. Et on reste des heures. Et on ne peut plus les quitter. Et on a le cœur serré, davantage qu’après quinze journaux télévisés. Etranges chemins de l’émotion. Absurdité des représentations de l’info-télé, pour lesquelles l’Israélien de Sderot ne peut que courir sous les roquettes, tandis que les Palestiniens ne peuvent que porter un brancard, et se répandre en imprécations sonores. Oui, des êtres humains, niais, déprimés, décolletés, nous sont plus proches que les tragiques silhouettes quotidiennes. Ce qui relativise, soit dit en passant, la portée des éternelles controverses sur le contrôle des images.