06 January 2010 13:15
Quelques idées reçues sur la bande dessinée, par Xavier Guilbert (Le Monde diplomatique)
Même si, ces derniers temps, des nuages noirs planent sur Angoulême , le Festival international de la bande dessinée (BD) est devenu un rendez-vous annuel obligé pour les médias, qui ne manquent pas de célébrer ce « symbole de la culture populaire », comme le proclame le directeur des éditions Dargaud lui-même, M. Claude de Saint-Vincent . Nul besoin de justification, la BD serait, par essence, populaire. Et destinée dans la foulée aux « jeunes de 7 à 77 ans », selon une formule devenue fameuse. Le journaliste Daniel Couvreur se montre d’ailleurs formel : le slogan du journal Tintin depuis 1948 « reste la plus belle image de [cette] vocation populaire ». Ne serait-ce pas trop beau pour être vrai ?
Les faits se révèlent, en effet, moins simples. Selon une étude du ministère français de la culture , la lecture de BD ne réunit pas toutes les générations : elle est une pratique plutôt juvénile qui décroît nettement avec l’âge alors que, pour les autres livres, le niveau reste relativement stable quelles que soient les tranches d’âge. Si, à tous les stades de la vie, on trouve de « gros lecteurs » absorbant plus de vingt ouvrages par an, tous genres confondus, ceux de bandes dessinées décrochent parmi les 25-34 ans (environ un sur six) et deviennent marginaux au-delà des 35-44 ans. Pas (ou peu) de bande dessinée donc pour les jeunes de 77 ans...
Net désamour,
en dépit de la « vague manga »
Que la BD touche les couches populaires semble en revanche un inébranlable cliché : pourtant, là encore, le mythe vacille. Elle a deux fois plus de succès chez les cadres et professions intellectuelles supérieures (45 % de lecteurs) que chez les employés (22 %) ou les ouvriers (21 %). Et plus on est diplômé, plus on prise ces ouvrages : on compte plus d’un adepte sur deux parmi les diplômés d’études supérieures (bac 4 ou plus), alors qu’ils ne représentent qu’un individu sur trois chez les seuls titulaires du bac, et tout juste 27 % de lecteurs parmi les détenteurs d’un certificat d’aptitude professionnelle (CAP) ou d’un brevet d’études (...)
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